Principes généraux : En Suisse, les échangeurs autoroutiers sont conçus pour se connecter au réseau principal (routes cantonales) afin d’éviter d’injecter du trafic rapide directement dans des voiries locales inadaptées. L’Office fédéral des routes (OFROU) construit et gère les autoroutes (routes nationales), tandis que les cantons gèrent les routes cantonales et les communes les routes communales . En principe, une bretelle d’autoroute devrait déboucher sur une route cantonale (route principale) garantissant une continuité de service. Néanmoins, quelques exceptions historiques existent où une sortie d’autoroute mène directement sur une route communale. Ces exceptions ont généralement été tolérées pour des raisons techniques (réseau autoroutier incomplet nécessitant un raccord local provisoire) ou politiques (volonté de desservir un centre urbain précis malgré l’absence de route cantonale adéquate).
Voici une liste aussi complète que possible de ces cas particuliers en Suisse :
La jonction Fribourg-Sud sur l’autoroute A12 débouche en partie sur la route de Villars à Villars-sur-Glâne, une route communale desservant un quartier résidentiel. Cette bretelle, située au sud-ouest de la ville de Fribourg, amène le trafic autoroutier sur le réseau local de Villars-sur-Glâne (commune limitrophe de Fribourg) avant de rejoindre plus loin la route de la Glâne (route cantonale vers Fribourg). Un signe de cette situation est la présence de feux et passages piétons qui relient les quartiers communaux dès la fin de la bretelle, provoquant parfois des bouchons remontant sur l’autoroute . La commune de Villars-sur-Glâne est compétente sur ce tronçon et a dû adapter sa voirie (par ex. synchronisation des feux) pour gérer le flux supplémentaire . Raisons : Lorsque l’A12 a été construite, aucun axe cantonal direct ne reliait cet échangeur au centre de Fribourg – le raccord s’est donc fait via la voirie communale. Cette configuration visait à desservir rapidement la zone industrielle de Villars-sur-Glâne et le sud de l’agglomération fribourgeoise, malgré le non-respect du principe général. Elle a été admise par nécessité, en attendant des aménagements ultérieurs (par exemple la requalification de la route communale ou des projets de couverture de l’autoroute améliorant la liaison) . Les autorités locales et cantonales coopèrent pour améliorer la sécurité et fluidité de cette jonction atypique (par ex. allongement des voies de sortie en 2025) .
Sur l’autoroute A5 contournant la ville de Neuchâtel, la demi-sortie dite Vauseyon (échangeur reliant les tunnels autoroutiers de la ville) aboutit dans le quartier de Vauseyon sur l’avenue des Alpes, une route communale de la ville de Neuchâtel. Ce tronçon urbain (limité à 50 km/h) sert d’accès direct du réseau autoroutier aux quartiers nord-ouest de Neuchâtel . L’avenue des Alpes, bien qu’étant une rue communale, a dû absorber le trafic de l’A5 vers le centre-ville et les zones industrielles de Neuchâtel (Pierre-à-Bot, Portes-Rouges). Elle fait office de bretelle urbaine de délestage en cas de fermeture du tunnel autoroutier de la Vue-des-Alpes (route principale H20) . Raisons : L’étroitesse de la cluse de Neuchâtel et le tracé du contournement ont conduit à un raccord autoroutier en pleine zone bâtie. Plutôt que de créer une nouvelle route cantonale lourde en milieu urbain, l’option retenue a été d’utiliser une voie existante (avenue des Alpes), gérée par la commune, pour raccorder l’autoroute. Cette exception a été justifiée par la contrainte géographique et la desserte des quartiers hauts de Neuchâtel. La ville a donc dû accepter un trafic important sur une voirie locale, avec des mesures d’accompagnement (p. ex. audits de sécurité routière) pour adapter cette avenue communale à son rôle de bretelle . Juridiquement, la coordination Canton-Commune a permis d’intégrer cet accès non conventionnel dans le projet autoroutier, l’OFROU ayant exigé que la ville garantisse le niveau de service requis sur l’avenue (signalisation, gabarit) malgré son statut communal.
L’autoroute A9 (route du Rhône) s’achève longtemps à Sierre-Ouest (sortie n°28) avant le tronçon manquant du Haut-Valais. Historiquement, la sortie Sierre-Ouest a déversé le trafic autoroutier directement dans la voirie communale de Sierre. En effet, entre Sierre-Ouest et le reste de l’A9 (côté est), les véhicules empruntent la traversée de Sierre via des rues communales (route communale no 1 de Sierre) sur quelques kilomètres . Cette route communale traverse la ville du sud-ouest vers le sud-est (quartiers de Plantzette et de Glarey) jusqu’à rejoindre la route cantonale VS 44 à Sierre-Sud, puis la nouvelle route T9 vers Sierre-Est. Durant des années, la H9 (route principale du Rhône) correspondait à ce trajet à travers Sierre, bien qu’il soit en partie communal . Raisons : Ce cas est dû à l’inachèvement du réseau autoroutier en Valais central. L’A9 a été construite par étapes ; avant la réalisation des tunnels du Lötschberg et du Rawyl, il a fallu écouler le trafic sur le réseau existant. Sierre-Ouest était un terminus provisoire où l’autoroute « butait » sur la ville. Faute de route cantonale de contournement à l’époque, la Confédération et le canton ont toléré un transit par les rues de Sierre (sous statut communal). Des mesures temporaires (limitation de tonnage, feux) ont été mises en place en attendant la poursuite de l’autoroute. Depuis, le contournement est de Sierre (route T9 cantonale)a été ouvert pour relier Sierre-Est à Sierre-Sud , mais la section ouest reste partiellement sur voirie communale jusqu’à ce que l’A9 soit entièrement achevée dans ce secteur. Ce raccord exceptionnel est donc justifié par un impératif technique et temporel : assurer la continuité du trafic autoroutier malgré un « trou » dans le réseau, en utilisant à titre transitoire les routes communales de Sierre.
++++++++++++++++++
Bases légales et statut des exceptions :
Aucun article explicite de la Loi fédérale sur les routes nationales (LRN) ou de son ordonnance (ORN) ne traite d’une interdiction formelle de raccordement sur routes communales – il s’agit plutôt d’un principe de planification suivi par l’OFROU. En pratique, lors de la planification des jonctions, l’Assemblée fédérale et l’OFROU n’approuvent une sortie que si la route de desserte possède un statut suffisant (route principale cantonale le plus souvent). Dans les cas ci-dessus, des arrangements spécifiques ont été conclus : par exemple, à Neuchâtel et Fribourg, le canton a dû s’engager aux côtés de la commune pour garantir le standard de l’infrastructure communale empruntée, et classer ces axes en route principale à trafic important (même si la propriété reste communale) . Ces jonctions dérogatoires ont souvent été entérinées dans les plans directeurs cantonaux et les accords Confédération-canton lors de la construction des autoroutes.
En résumé, il s’agit de situations d’exception, justifiées par la topographie ou un phasage du réseau, où la Confédération a dérogé au principe général à condition que des mesures compensatoires soient prises. A terme, l’objectif reste d’éliminer ces exceptions (par exemple en requalifiant la route communale en route cantonale, ou en construisant les tronçons manquants) afin de revenir au schéma normal d’un raccord autoroutier sur route cantonale.
Sources : Office fédéral des routes (OFROU) – explication des compétences routières ; Ville de Neuchâtel – rapport de sécurité avenue des Alpes (route communale desservant la sortie A5 de Vauseyon) ; La Liberté – témoignage sur la congestion à la sortie A12 Fribourg-Sud et son impact sur la route communale de Villars-sur-Glâne ; Wikipédia – Route principale 9 (reproduction du tracé à Sierre faisant état de la route communale utilisée entre la sortie A9 et la route cantonale) ; documents cantonaux jurassiens – cas de Glovelier (A16) montrant la coordination canton-commune pour la sécurité d’une jonction autoroutière en localité .